Hors l'école pour l'école

Les travaux interrogeant les liens entre travail personnel des élèves en dehors de l’école et résultats scolaires ont mis en évidence les processus par lesquels les « devoirs à la maison » contribuent au creusement des inégalités sociales de réussite (Hallam & Rogers, 2018 ; Kakpo, 2012 ; Rayou, 2010 ; Glasman & Besson, 2004). La « continuité culturelle » (Rayou, 2010), favorable à la compréhension des attentes des enseignants, et les ressources familiales disponibles, en temps et en compétences pour aider à la réalisation des devoirs, sont très inégalement distribuées selon les contextes familiaux. Par ailleurs, le défaut d’explicitation des attendus et les faibles médiations de la part des enseignants, tâches prises en charge inégalement par les parents, contribuent à renforcer le caractère inégalitaire d’une pratique pourtant peu remise en cause.

Mais si les effets pervers des devoirs à la maison en termes d’équité éducative ont été montrés, c’est essentiellement en s’intéressant à l’accompagnement du travail des élèves, par les parents et les acteurs des divers dispositifs d’aide aux devoirs. Par ailleurs, une large part des recherches en France porte sur le primaire, où la question est plus polémique (Glasman & Besson, 2004), alors que les attentes des enseignants concernant le travail hors la classe s’accroissent au fur et à mesure de l’avancée dans le cursus scolaire (Barrère, 2003). Les stratégies de réalisation des devoirs font également l’objet de peu de travaux (Félix, 2004 ; Grimault-Leprince & Faggianelli, 2021), tout comme la place du numérique dans ces activités, malgré la centralité des usages numériques dans les pratiques culturelles adolescentes (Barrère, 2011).

Le travail mené par ce collectif vise tout d’abord à poursuivre le travail mené dans le cadre de la recherche e-FRAN Idée visant à mieux comprendre comment les élèves travaillent à la maison : leur compréhension des attentes, leur effort de travail, les stratégies qu’ils développent, les ressources qu’ils mobilisent. Il s’agit également d’appréhender l’évolution de ce travail scolaire entre le collège et le lycée. La recherche portera particulièrement sur les stratégies de coopération des élèves : celles que certains mettent en place spontanément, qu’elles visent à mutualiser les compétences ou à mettre les compétences de certains au service de la production des autres. La question du processus d’autonomisation des élèves dans le cadre de ce travail à la maison sera aussi au cœur des analyses. Le Coref a également une visée de production de ressources pour les enseignants. Il s’agit de proposer aux équipes éducatives des outils pour penser la question du travail des élèves à la maison et transformer collectivement les pratiques pédagogiques, pour plus d’efficacité et plus d’équité.